Un séjour voile et escalade dans les Calanques de Marseille.
Le vent d’Est qui s’était levé dans la nuit soufflait fort ce jeudi matin de septembre. Et le vent d’Est n’est jamais très bon pour le navigateur dans ce coin là de la Méditerranée. La mer, déjà agitée la veille au soir, ne doit pas être belle et c’est sans hésitation que nous décidons de laisser Pirates, notre voilier First 35 S 5, amarré au port de La Ciotat et d’attaquer notre périple grimpant par une voie au Cap Canaille.
Le Grec, ramenant l’humidité de la mer, n’est pas l’ami du grimpeur non plus et c’est dans une ambiance écossaise, plus que phocéenne, que nous démarrons la voie Grazie Amico au secteur Draïoun. Nous attaquons la voie dans un léger brouillard qui rend le rocher assez glissant. Les deux premières longueurs, sur un calcaire franc à bonnes règles nous réveillent bien et nous devons rester bien concentrés pour ne pas glisser.
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Nous voici maintenant au deuxième relais et voilà que je sens des gouttes tomber, alors que mes compagnons atteignent la vire d’où je les assure. Nous prenons quelques minutes pour évaluer la situation…la pluie s’arrête et voilà que le vent tourne. En quelques minutes, la chape de nuage enveloppant les Calanques et le cap se désagrège, l’air s’assèche et le soleil fini de sécher le rocher.
Les deux longueurs suivantes se déroulent sur un superbe grès blanc sculpté par le vent. Les taffonis nous offrent des prises généreuses et une escalade en trois dimensions des plus ludique.
Mes amis se délectent de l’escalade et du soleil qui désormais nous réchauffe bien.
Tout à coup, une odeur de tapas m’arrive aux naseaux…que ce passe-t-il? Aurions-nous été téléportés à Riglos? Et non…c’est la magie Canaille : passer d’une longueur de grès aux allures jordanienne à l’autre en poudingue digne des Mallos. J’adore…
Nous voici au sommet sous un soleil radieux. La mer s’est calmée, le ciel est d’un bleu azur, nous allons pouvoir rejoindre le bateau et appareiller. Ce soir nous pourrons dormir au mouillage dans une Calanque.
Nous prenons la mer en fin d’après-midi, longeons le Cap Canaille où nous grimpions quelques heures plus tôt et arrivons dans la Calanque d’En Vau à la tombée de la nuit. Une légère houle d’Est entre encore dans la Calanque. Finalement, nous dormirons sur une bouée dans la calanque de Port Pin, toute proche et mieux protégée de l’Est.
Au petit matin, nous naviguons vers En Vau, direction la falaise de Castelviel et ses parois plongeant dans la Grande Bleue. Nous grimpons jusqu’à la Brèche de Castelveil d’où la vue plongeante sur la calanque de l’Oule est magnifique. Puis nous gagnons le plateau, longeons la falaise à l’Ouest pour trouver les lignes de rappel : une cordée ira dans Rêve de pierres, tandis que l’autre grimpera Vide et Eau.
Les deux voies choisies aujourd’hui ont la particularité de démarrer presque au ras de l’eau. La verticalité des lieux associée à la mer confère une atmosphère toute particulière à ces escalades.
La mer est calme aujourd’hui et un léger Mistral nous assure collance et ciel bleu. L’escalade sur ces beaux murs de calcaire blanc, aux fines sculptures et à l’adhérence exceptionnelle, est un pur bonheur. Nous gagnons le plateau sous un vent fraîchissant.
De retour au bateau, un petit bain de mer pour se délasser et nous mettons les voiles vers la calanque de Sormiou où nous mouillerons pour la nuit.
Nous quittons tôt le bateau le lendemain matin et en deux rotations d’annexe, nous voici tous débarqués au pied du Bec de Sormiou. Ce cap emblématique des Calanques marseillaises plonge ses falaises blanches et ocres de 150 mètres dans les profondeurs azurées de la Méditerranée. Nous y gravirons des voies moins soutenues que la veille, Les Traces du Passé et L’Antécime où tout le monde pourra grimper en tête. L’équipement y est excellent et le calcaire généreux.
Le soir, poussé par un bon Mistral, nous rentreront à La Ciotat sous genois seul, à plus de huit noeuds! Le vent va être fort ce soir et c’est solidement amarrés dans le port vieux de la ville que nous passerons la nuit, bercés par la musique étrange du vent dans les mats et les haubans.
Pour notre dernier jour, nous choisissons des voies assez courtes dans le beau secteur de grès brun à l’autre extrémité du Cap Canaille : le secteur Ouvreur de bouses.
Le rocher y est incroyablement sculpté, les voies auraient pu être ouvertes par des bédouins…le dépaysement est complet!