De retour du pays du Dodge Ram, du cheeseburger et de la perfect hand crack, voici un avant gout du programme 2017…
Alors que l’hiver fini par arriver sur les Pyrénées en ce début mars, une envie de soleil, de rocher colorés et de grandes envolées nous titille….
– Pourquoi pas les US?
– Ben ouais, tiens! Pourquoi pas?
Il n’en faut pas plus pour nous décider à prendre un billet d’avion pour Vegas. Au programme : grandes voies à Red Rocks et Zion!
Quelques dizaines d’heures plus tard, nous voici arrivés dans la plus grande machine à sous du monde, posée au milieu de nulle part : Las Vegas! Ben à part paumer son pognon, durement amassé pendant tout l’hiver, y a pas grand chose à faire à Vegas….donc nous filons vite à bord de notre campervan, direction Red Rocks National Park et son campground.
Le beau temps est au rendez vous, le climat aride, semi désertique, du sud Nevada contraste avec celui de nos Pyrénées encore bien arrosées de neige en cette fin d’hiver.
Nous passerons les premiers jours du trip à gravir quelques classiques faciles du quartier pour ce faire au style et au caillou.
Ici, à Red Rocks, le grès est dans l’ensemble très bon et surtout très prisu. Le vent y a sculpté une multitude de petits becs ou mini taffonis, tandis que la tectonique a fendu le grès de part en part offrant une grande quantité de fissures pour se protéger.
L’escalade est donc ici, à Red Rocks, particulièrement comestible pour nous autres européens, plus afficionados de la réglette en arquée que du ring lock dans une fissure fine….
Nous gravirons pour la chauffe Birdland, la classique facile (5.7) à Pine Creek Canyon.
Il vaut mieux partir tôt car cette face au sud peut vite se transformer en fournaise d’une part et mieux vaut être les premiers avant le monde d’autre part.
L’escalade y est facile et belle, le rocher est formidablement sculpté, alors qu’on ne le jurerait pas vu d’en bas. Idéal pour se remettre dans les tours de la pose de friends et reprendre les automatismes après l’hiver.
L’après midi nous irons voir Dark Shadows (5.8+), un peu plus loin et à l’ombre. Les contrastes thermiques entre ombre et soleil sont saisissants….Très belle voie qui se déroule sur un rocher noir, cuit au four…super solide et pourvu de bacs ce qui là aussi ne parait pas gagné d’avance lorsque on est au pied.
Puis nous irons faire un tour dans Black Velvet Canyon, gravir un collector de Red Rocks : Triassics Sands (5.10).
Pas très longue, 4 petites longueurs sur un mur raide et sculpté de petites réglettes. La dernière longueur offre un dièdre digne d’Indian Creek!
Autre collector, niché dans le Junniper Canyon : Crimson Chrysalis (5.8+)
La voie se déroule sur une aiguille de 300 mètres, remontant une fissure sur cinq longueurs dans une grande ambiance. Quelques longueurs de dalle bien protégées par des “bolts” et nous voici au sommet de la Cloud Tower. L’escalade y est variée, quelques verrous ne seront pas inutiles, mais le grès, là encore, est généreux et sculpté. Située en face N.O, la voie à l’ombre presque toute la journée est idéale pour les jours chauds.
Après cette bonne journée, un peu de repos n’est pas de refus. La visite des secteurs de falaise sportive permet de faire une bonne grasse mat (lever 7h au lieu de 5…ouah! dément!!) et de se réconcilier avec les cotations US…le rocher rouge de Calico Hills est admirable, le style souvent court péchon à base de plats et de règles.
Pour notre dernier jour à Red Rocks, nous retournons dans Black Velvet Canyon finir en beauté ce séjour dans “The Dream Of The Wild Turkey” (5.10). La voie se faufile dans un immense mur noir, un brin impressionnant, utilisant au maximum les systèmes de fissures pour 250 mètres d’escalade variée et toujours majeure!
Déjà la moitié du séjour…. En route pour Zion!
En trois petites heures de routes, nous voici à Springdale, petite bourgade aux porte du Parc. Le ravitaillement effectué, le camp posé, nous partons balader dans le canyon. Et là, stupeur!
L’érosion a taillé un canyon large, aux parois ocres et blanches avoisinant les milles mètres par endroit…grandiose! Des fissures parfaites rayent ces impressionnantes parois de part en part, les lignes sont pures, immenses, flippantes…
Ici on se sent petit.
Ici la Nature est grande.
L’escalade y est souvent sérieuse et pour notre premier séjour, nous commenceront par des voies courtes aux difficultés abordables.
Nous débuterons notre visite de ce temple de l’escalade par deux petites voies : Ataxia Tower (5.9) et The Headache (5.10) de deux et trois longueurs.
La première est idéale pour l’échauffement, variée, avec une longueur en fissure facile et l’autre en dalle.
The Headache, plus sérieuse (surtout pour nous autres, pauvres européens aussi à l’aise devant une fissure à verrous qu’une poule devant un mégot….) offre comme vous l’aurez compris une escalade couleur locale, grande classe.
Une fois passé les premiers mètres un peu déconcertants, on se fait au style et la magie du grès opère.
Les trois longueurs sont superbes, variées, avec un finish sous le sommet qui ne laisse pas indifférent.
Ce secteur orienté nord est parfait pour les jours chauds d’avril et, un peu frais en cette mi-mars. On ne pouvait pas dire que ça ne collait pas.
Le lendemain, lever aux aurores car la journée pourrait s’avérer longue : nous voilà parti pour gravir Iron Messiah, un must dans le 5.10 de Zion.
Une fois le socle gravi, une petite longueur en dalle puis une petite cheminée donnent accès à une terrasse au pied d’un immense dièdre.
La voie le suit ensuite sur près de 250 mètres. Fissures à main et cheminées se succèdent pour nous mener au sommet du Spearhead d’où la vue sur le canyon est fabuleuse.
La descente en rappel dans la voie compte dans la journée et il convient de bien faire attention à ne pas coincer la corde au fond de la fissure…
Pour notre dernier jour à Zion, nous partons grimper la seule voie sportive du canyon : Born to be brocken.
Comme son nom le laisse présager, cette voie, entièrement équipée, se déroule sur un mur sculpté de fines écailles et bossettes. Cinq belles longueurs mènent au sommet, les plus dures avoisinent le 6b.
D’une façon générale il convient de ne pas grimper après la pluie sur le grès, alors rendu très fragile et encore moins dans des voies aux prises délicates comme celle-ci.
Les voyages “Grimpe” aux U.S. sont parmi les plus dépaysants qui soit, bien que la vie soit globalement identique à chez nous.
La grimpe en fissure et qui plus est sur du grès est, pour nous européens, déjà un bon dépaysement : chamboulement du répertoire gestuel garanti.
Une touche d’aventure avec la dimension “grande voie” et vous épicez votre séjour!
Vous ajoutez à cela de grands espaces, une ville somme toute mythique et un climat semi désertique et vous pouvez reprendre l’avion comblé, votre soif d’exotisme étanchée.